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Mon coeur a dit
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Mon coeur a dit
21 mars 2016

Une expérience, mon expérience...

Vendredi 11 mars 2016

J’ai fait une fausse couche cette semaine, dimanche précisément sur la route pour aller à Paris, en allant prendre l’avion qui aurait dû nous amener mon mari et moi, au Vietnam, rencontrer notre filleule Yuêt que l’on parraine depuis 2005. Un voyage attendu, préparé depuis 11 ans…

Oui, je devrais être en ce moment au Vietnam, enceinte…

Ce bébé tant attendu, tant espéré, tant rêvé lui aussi. Plus de six ans, que l’on essaie d’avoir un bébé, fonder notre famille. Six ans…Plusieurs étapes, l’espoir, la douleur, la jalousie, le désespoir, la souffrance, l’espoir, l’acceptation, le lâcher prise.

Passer par la PMA (procréation médicalement assistée), en sachant pertinemment que ce n’était pas pour moi, pas pour nous. Cette contradiction en moi, faire tout, essayer tout pour ne pas regretter un jour de ne pas l’avoir fait et aussi parce qu’autour de vous, si vous n’essayez pas tout ce que la médecine, la science crée, alors quelque part, c’est que vous le cherchez bien de ne pas être enceinte…personne ne vous dit cela évidemment mais vous dit : « pourquoi vous n’essayez pas ? Aujourd’hui, avec tout ce qu’ils font, y’a pas de raison que ça ne marche pas… » Ouah, hyper culpabilisateur…

Alors on y va, pour ne pas culpabiliser et surtout par désespoir ou par espoir, je ne sais pas vraiment, mais en tous cas, par peur de ne jamais devenir parent…comme les autres.

C’est parti, osculation à gogo, en long, en large, en travers (c’est "portes ouvertes", comme je dis en plaisantant pour masquer mon désarroi), on passe une tripotée d’examens parfois douloureux, on étale (on doit étaler) sa vie privée, intime. On s’entend dire le nombre de rapports sexuels à avoir pour encore et toujours entrer dans une norme. Nous dire que fumer, ce n’est pas bien…merci ça on le savait déjà…

Bref, votre corps, votre temps, votre esprit, ne vous appartiennent plus.

Voilà, en juin 2015, j’ai quand même commencé un traitement, s’injecter des hormones dans le bide ou plutôt se faire injecter des hormones dans le bide par son mari.

Mettre tout l’espoir que l’on a dans ces piqures et puis être malade comme jamais. Des migraines non-stop, jour et nuit pendant neuf jours. Devoir arrêter le traitement en urgence car les artères de mon crâne ne tiendraient pas longtemps…S’entendre dire que l’on va étudier votre cas ! Oui apparemment je ne suis plus Audrey, je suis UN cas, parmi tant d’autres…

Déception, culpabilité, peur de décevoir, d’arracher le peu d’espoir que mon mari a, et à la fois, un grand soulagement.

Savoir que mon corps est en accord avec mon esprit…que la vie est en accord avec moi ou que je suis en accord avec la Vie.

Etre oubliée par le docteur pendant 3 mois, malgré de nombreux appels de ma part. Dépendance…

Ceci confirmait cela…

Il n’y a pas de hasard, jamais…juste des signes à repérer, à comprendre, à accepter. Pour moi, pour mon mari, c’était STOP. Plus jamais, ce n’était pas pour nous. Ce n’était, ça n’a jamais été et ne sera jamais notre philosophie.

Ne pas provoquer les choses, ne pas provoquer la Vie. Les choses arrivent parce qu’elles doivent arriver, les choses arrivent si elles doivent arriver et quand c’est le meilleur moment pour Soi, lorsque l’on est prêt à les accueillir, les accepter. A ne pas confondre avec tout ce que les gens autour de nous ont pu nous rabâcher (c’est dans la tête, faut pas y penser, ça viendra quand vous y penserez pas…et blablabla), franchement c’est à mourir de rire, eux ne connaissent pas ça ! Et ils se permettent de donner des conseils, établir des hypothèses…foutaises !!!Arrêtez, STOP, on préfère que vous ne disiez rien, c’est mieux. Tout le monde se portera mieux quand on aura compris qu’il ne suffit pas d’arrêter de penser à quelque chose pour l’obtenir ! On n’a pas de pouvoir là-dessus… Encore une fois, les choses arrivent quand elles doivent arriver, quand c’est le bon moment pour Soi et non parce que l’on arrête d’y penser…A ne pas confondre, cela éviterait pas mal de jugement qui amène à la culpabilité et donc au mal être…

Nous avons entrepris les démarches d’adoption en juillet 2015. Aventure que j’ai toujours voulu vivre depuis très jeune. Nous avons eu tous les rendez-vous avec l’assistante sociale et la psychologue pour notre demande d’agrément. Là aussi, on vient vous chercher un peu mais j’ai trouvé cette expérience quelle qu’en soit l’issue très bénéfique, enrichissante, pour Soi, pour notre couple. Tellement en accord avec ce que je suis…

Notre dernier rendez-vous était le 25 janvier 2016. Quelques jours après, j’étais enceinte…

Quelle surprise lorsque j’ai découvert ces deux putains de barres affichées sur le test de grossesse !

Mélange de tout : prudence (attends Audrey, t’affoles pas, est ce que c’est vrai au moins ou c’est encore un rêve ?), joie, très grande joie, pleurs, beaucoup de pleurs (relâchement de six années) … et la peur.

Dans une semaine, je pars pour le Vietnam et je suis enceinte. L’incompréhension, pourquoi maintenant ? J’étais centrée sur l’adoption, que cette aventure prendrait plusieurs années, j’avais accepté le fait de ne jamais porter d’enfant…et puis professionnellement, je sens que je dois aller vers ailleurs, prendre mon envol, partager ce que j’ai à partager, ce en quoi je crois…

Alors pourquoi maintenant ?

Et puis dimanche 6 mars 2016, nous prenons la route pour Paris comme je le disais au début en direction du Vietnam et là je perds du sang, tout le long de la route et j’ai des douleurs dans le bas du ventre.

Alors finalement, arrivés à Paris, on se dit qu’il est plus sage d’aller consulter avant de s’envoler.

Je me retrouve là, moi avec ma serviette pleine de sang et de caillots, les fesses à l’air devant un inconnu, devant un gynécologue qui n’a apparemment aucun plaisir à me recevoir. Et puis sans précaution aucune, que ce soit dans ses gestes, où il me fait mal (et me dit que non çà ne doit pas faire mal), CONNARD ! C’est toi peut être qui a un truc en ferraille qui t’écarte le vagin ? C’est à toi qu’on enfonce des trucs pour « nettoyer » comme tu dis sans aucune délicatesse, sans aucune forme d’empathie. Non, ce n’est pas toi, alors SI, j’ai mal, dans mon corps et dans mon cœur. Alors surtout, ne viens pas me dire ce que je dois ressentir ou non,

Ou que ce soit dans ses paroles : « c’est sans doute une fausse couche, vous voyez votre utérus est vide ; mais vu que ça vous fait mal, c’est peut être une GEU (grossesse extra utérine), et il y a risque d’hémorragie donc je ne suis pas favorable à ce que vous preniez l’avion »

OK.

Bon, je fais quoi de tout ça…euh bah je pleure…

Là, je m’effondre. J’ai l’impression qu’on me prend tout, ce bébé que je voulais tant, mon voyage que j’attendais, cette rencontre avec ma filleule que j’ai tant rêvée…plus rien, on m’enlève tout…

On repart aussitôt dans le sens inverse, direction la Vendée. Que c’est long…Cette route dans le silence, où personne n’a envie de parler, où personne ne sait quoi dire, où chacun remue dans sa tête ses idées sans doute très noires.

Cette déception, ce dégout, cette peine, ce vide. Tout avoir puis n’avoir plus rien…comme ça, d’un coup. Pourquoi ? Pourquoi nous ?

Sur la route étrangement, un moment donné, j’ai ressenti une certaine forme de paix en moi.

Me disant que oui, c’est moche, que ô combien j’ai envie de crier à l’injustice et de demander ce que j’ai fait pour mériter ça. Ô combien, j’ai envie de chialer, de me terrer dans un coin et qu’on me laisse tranquille avec mes idées noires, oh oui surtout qu’on me lâche, qu’on ne vienne pas me faire chier. Et puis, il y a une autre voix que j’entends, qui finalement aujourd’hui prend le dessus sur l’autre, cette voix, c’est celle de mon âme. Oui, j’entends ce que mon âme me dit, ce qu’elle sait. Elle me dit que, encore une fois dans la vie, on a toujours le choix. Que j’ai le choix de pleurer sur mon sort, de m’apitoyer, de me dire que je n’ai vraiment pas de bol, que la vie est une chienne,  pendant aussi longtemps que ça me chante et continuer de remuer tout ce négatif ; ou alors, j’ai le choix d’accepter cette expérience que la vie m’offre pour m’aider à grandir, à comprendre ce que j’ai à comprendre, à m’enseigner, à avancer, à m’éveiller. La remercier de ce qu’elle me permet de vivre pour atteindre un jour une certaine forme de sagesse, peut-être…

J’ai opté pour le second choix…

Je sais aujourd’hui, que les choses arrivent parce qu’elles doivent arriver et qu’il y a toujours du positif à en tirer.

Bon, pour être honnête, à cette heure-ci, je me demande où est le positif de cette expérience, j’ai fait une fausse couche et je ne suis pas au Vietnam où il fait 36°, non je suis chez moi, le bas du dos bloqué qui me fait un mal de chien (j’en avais surement plein le dos ;-) ), et il fait gris et sans doute 4-5°.

Mouais…

Alors cherchons un peu :

Ah si, le premier point positif est que je serai présente pour la naissance de mon neveu et ça, ça n’a pas de prix :-)

Et le deuxième point est qu’enfin (je crois), que mon âme commence à prendre le dessus sur ma personnalité.

Toutes ces émotions que j’ai pu ressentir l’espace de quelques minutes, heures (la colère, le désespoir, l’injustice, la peur, le dégout, la tristesse), je les ai acceptées, puisqu’elles sont tout à fait normales et saines pour l’être humain que je suis. Elles font partie d’une espèce de cercle, cycle pour tout deuil et surtout nécessaires pour revenir à l’émotion qu’est la joie. (Même si tout le monde n’est pas obligé de passer par toutes ces phases). Le tout est de les reconnaitre, les accepter et s’autoriser à les vivre. Je ne me juge pas, je ne culpabilise pas de les avoir ressenties, j’ai pleuré, j’ai crié. Les larmes nettoient le corps et le cœur ; un jour, un ami m’a dit que les yeux étaient les reins de la tête ; le cri, lui, soulage d’un poids qui pèse trop lourd.

Accepter ces émotions mais ne pas se laisser envahir par elles, au risque de se perdre, de s’éloigner de ce que nous sommes au plus profond de nous.

Je sais que je suis bien plus, que nous sommes bien plus, que seulement ce que l’on veut croire ou nous faire croire, nous ne sommes pas seulement des êtres humains nés par hasard et que la Vie quittera lorsque notre corps physique sera mort.

Non, je ne crois pas cela. Je crois qu’avant toute chose, nous sommes des âmes qui ont fait le choix de l’expérience humaine pour évoluer. Alors, j’accepte ces « réactions humaines », ces émotions. Je les reconnais et accepte de les vivre, pour continuer de vivre au mieux ce que j’ai à vivre, cette expérience d’incarnée qui m’est offerte.

Je ne « prends » pas bien ce que je vis, ni à la légère (comment le pourrai-je d’ailleurs ?), je choisis de le vivre au mieux. Et surtout d’être au plus près de ce que je suis réellement, en accord, en relation avec mon âme et me laisser guider par elle. Car ELLE sait tout.

Ça parait tellement fou je sais. Tellement bizarre de réagir comme ça mais je peux vous assurer que je vais bien, je ne suis pas dans le déni de quoi que ce soit, je n’essaye pas de me rassurer. Je suis en paix avec ce que je suis, avec la Vie.

Ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on vit, c’est ce que l’on décide d’en faire…Nous avons toujours le choix, quoi que la Vie nous permet de vivre, même si parfois cela nous parait tellement difficile et insurmontable, même si on a l’impression d’avoir été choisi comme cible, pour en baver, pour avoir une vie de merde.

Moi, ce que je crois, c’est que ces expériences, nous avons décidé de les vivre avant de naître dans cette Vie. On ne nait pas par hasard dans une famille, on choisit d’y naitre pour ce que les autres nous permettront d’apprendre et pour faire également évoluer les autres. Je crois qu’une fausse couche, est une âme qui a fait « demi-tour », sans doute pas prête pour l’expérience humaine, mais également pour permettre à moi, mon mari,…d’évoluer.

A l’heure où j’écris ces quelques lignes, je suis assise dans mon jardin, bien couverte, entourée de mes chiens.

J’ai le bas du dos bloqué, qui me fait mal. Mais curieusement, après tout ça, je ne me sens pas vide, je me sens heureuse. Remplie de joie, de liberté, en paix.

Mon voisin est en train de tondre sa pelouse, j’observe ce qui se passe autour de moi, de ma vie, je sens, ça sent bon, je respire l’air, je suis bien là, en vie. Merci !

 

J’écris aujourd’hui, j’ai toujours écrit. Pour moi, peut-être pour les autres. En tous les cas, aujourd’hui, je souhaite partager mes écrits car pour moi, aucun sujet n’est tabou et que peut-être, sans prétention aucune, certaines femmes, certains couples se retrouveront au travers d’eux et qu’ils vivront plus facilement ce qu’ils ont à vivre. Ou pas…C’est le fait de chacun, avec ce qu’il est et ce qu’il a.

 

J’écris depuis quelques temps sur la vieillesse, sur ma vision de l’accompagnement du reste de la Vie, à travers mes expériences, mes rencontres que la Vie m’offre. Je me disais, pourquoi ne pas écrire un livre un jour pour partager, non pas parce que je crois avoir raison ou tout savoir, mais par envie de partage, car la Vie est un partage… Et à l’heure qu’il est, me vient en tête, l’idée d’un blog pour vraiment partager. Un livre est écrit et vendu, point barre ; un blog me permettrait d’échanger, d’être en interaction et d’être toujours dans la relation à l’autre. Ce pour quoi je suis ici…encore faudra-t-il dépasser ma peur du jugement…mais je crois être sur le bon chemin. :-)

 

La tête dans les étoiles mais les pieds bien ancrés sur la Terre…

 

 

 

 

 

 

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